Les souterrains de Berlin

Quoi de plus insolite que de découvrir une ville par ses souterrains? J’ai toujours voulu le faire à Paris, visiter les stations fantômes et en apprendre plus sur ces mystérieux endroits mais c’est finalement à Berlin que je l’ai fait en premier.

Allez, on se retrouve pour un article certes, pas des plus exaltants mais une bonne dose de culture!

« Berliner Unterwelten »

Tel est le nom de l’association gardant le patrimoine des souterrains de Berlin en proposant 4 visites différentes et faisant sans cesse de nouvelles recherches pour percer tous les mystères des dessous de la ville.

Trois tours différents sont proposés en français: Abris anti-atomiques durant la Guerre Froide, Les Mondes Obscurs et Percer le Mur. Les deux derniers sont ceux que j’ai découverts. (Il n’y aura, dans cet article pas de photos car elles y étaient interdites)

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LES MONDES OBSCURS

Cette visite d’une heure trente est réellement passionnante. Lorsqu’on rentre dans une station de métro, on n’imagine pas la lourde histoire qui peut se cacher derrière. Ici se trouve un abri anti-aérien, plus largement appelé bunker, construit durant la Seconde Guerre Mondiale afin de se protéger des bombardements. Durant cette période, 1200 ont été construits, un nombre énorme mais finalement minime proportionnellement à la population berlinoise: seulement 15% de celle-ci pouvait en bénéficier.

Lorsqu’on descend, on réalise directement à quel point l’endroit est lugubre et peu propice à la joie. Il s’agit d’un labyrinthe dans lequel on peut très facilement se perdre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle deux guides nous accompagnent. On apprend alors beaucoup: tout d’abord, trois camps sur quatre possédaient un bunker dans la ville: les Britanniques, les Français et les Soviétiques. Ces derniers ont été les premiers à piller le leur. Dans les années 90, un autre bunker a été retrouvé de manière plutôt insolite: les Pink Floyd avaient prévu de donner un concert à Berlin avec une immense scène. Après avoir trouvé le lieu idéal, la ville vérifie que l’endroit soit adapté à cet événement: elle découvre alors un bunker, le Fahrbunker.

On y parle aussi de propagande sous le régime Nazi avec notamment un magazine comparable à ceux distribués par Ikea. A l’intérieur sont présentés tous les objets et matériaux nécessaires pour équiper sa maison et la protéger contre les bombardements. Il s’agit là de tromper les populations qui ne pourront évidemment pas en sortir indemnes. Un jeu de société a également été créé, destiné aux familles et donc aux enfants. Le but? Descendre le plus vite possible dans les sous-sols de la maison durant les bombardements. Le premier arrivé en haut est le gagnant. La pièce semble être restée intacte mais encore une fois, le régime cherche à gagner la naïveté des gens.

Le sujet des bombardements est justement beaucoup abordé. Je ne rentrerai pas dans le sujet plus précisément car je trouve cela trop glauque. Mais à la fin de cette sombre période qu’est la Deuxième Guerre Mondiale, tous les débris crées sont assemblés et réunis en un amas qui aujourd’hui, est le plus haut point de Berlin. Il s’agit du Teufelsberg, signifiant « Montagne du Diable », bien qu’il s’agisse plus d’une colline …

Par ailleurs, on apprend que chaque mois, voire chaque semaine, on retrouve à Berlin des bombes datant de cette période. Peu de faits sont énoncés dans les journaux car c’est devenu une « normalité ». (Deux jours avant la visite, une de cinquante kilos venait d’être découverte lors d’un chantier, près de l’Alexanderplatz avant d’être désamorcée).

Enfin, on termine la visite en découvrant le système de communication de l’époque: le système post pneumatique. Il s’agit de tuyaux situés dans les souterrains des villes, permettant de faire passer un message d’un point A à un point B de la ville. Avec son réseau de trois cents kilomètres, Berlin possédait le plus grand système du monde après Paris, avec une soixantaine de kilomètres de plus. Créé à Londres au XIXème siècle, ce moyen disparaît dans les années 60 avec l’arrivée du fax.

Cette visite est loin de retracer les heures glorieuses de la capitale. Les lieux sont frappants car cette période me parait si récente encore mais on a à la fois du mal à s’imaginer que des familles ont pu rester enfermées ici pendant des heures, sous les bruits assourdissants des avions.

Aimant particulièrement m’intéresser à ces moments de l’Histoire, j’ai vraiment apprécié visiter Berlin par ses souterrains. De plus, je trouve que découvrir une ville en apprenant son passé permet de mieux la connaître et de comprendre un peu plus son histoire actuelle.

« Découvrir, c’est voir la même chose que tout le monde,
mais le penser autrement. »

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